Dans un tour du monde, parfois l’histoire nous rattrape. À son âge, Michel a évidemment été profondément marqué par la guerre du Vietnam. Sans les problèmes de Shipping et de frontière thaïlandaise, nous avions prévu d’y passer quelque temps, mais nous n’avons plus le temps.
Nous étions d’ailleurs, il y a une semaine pas loin de Dien Bien Phu.
Mais finalement, depuis le Laos, l’histoire se réécrit d’une manière sensiblement différente pour lui.
En effet, le Laos a été un pays déterminant dans la défaite des Américains, mais à quel prix….
La région que nous allons traverser maintenant a fait l’objet des plus gros bombardement de tous les temps, bien plus que pendant toute la deuxième guerre mondiale sur ce petit territoire, voilà les chiffres.
Pour la première fois sur le site de Pépère, nous mettons en lien, une reportage bouleversant sur cette « guerre secrète » initiée par la CIA, il explique beaucoup mieux que nous le ferrions nous-même, ce qui s’est passé.
https://www.dailymotion.com/video/xuawsh?utm_source=chatgpt.com
Ce reportage est un peu long, mais permet de mieux comprendre notre passage dans la plaine des jarres.
Pour commercer, nous devons affronter des pistes encore plus dures que ces derniers jours et ce pendant plus de 300 kilomètres.
Avec toujours ces camions kamikazes.
Parfois en mauvais état, mais on le comprend
Et cet Américain qui vient à vélo, avec son bombardier tatoué sur le bras. Soit il n’a pas conscience de ce qu’il fait, soit, il est venu pour se suicider.
Quand, nous croisons des habitants, ils sont très distants et ne cherchent pas les regards. Ce sont pour la plupart, des gens de la tribu des Hmongs. Ils ont énormément souffert de leur soutien aux Américains contre les communistes. Et ils sont restés en guérilla contre les communistes au pouvoir jusqu’après l’an 2000 pour certains.
Les images montrent des gens qui vivent une vie très simple .
Tous les soirs, il faut ranger Pépère complètement ravagé à l’intérieur.
Doreen prend malgré tout le temps de nous faire à manger comme tous les jours, ou presque.
Michel avait lu que le gouvernement canadien avait, depuis cette année, déconseillé la région à ses ressortissants, mais heureusement, on n’est pas canadien. Cependant, quand un soir nous devons nous arrêter loin de tout, au bord d’une route en territoire Hmong, Michel met en route le plan de sécurité, avec les clés sur le contact et tout bien fermé. Prêt à partir en 1 minute. (comme nous l’avions fait en Inde.)
Et avant de se coucher chacun se relaxe un peu en écoutant sa musique avec ses écouteurs respectifs.
La nuit s’est bien passée. Toujours de l’indifférence, (ou de la méfiance), mais pas d’agressivité.
Et ces brûlis qui enfument encore le paysage.
Les gens roulent souvent avec des véhicules d’un autre temps.
Parfois, on a du mal à reconnaître l’avant et l’arrière.
Là, c’est une pose bien méritée pour ces femmes de chantier.
Ce n’est pas la saison du riz, nous n’avons d’autres choix que d’imaginer la verdure pourtant typique de ces cultures.
En attendant, les épandeuses à fumier ancienne génération sont à l’œuvre.
Lui, garde l’entrée du village.
Et celui-là, on ne sait pas trop où il va.
Mais, avec ces routes, on entend toujours un nouveau bruit. Qu’est qu’on a cassé… La plupart du temps, c’est pas grand-chose, mais si loin de tout, le doute s’installe très vite.
Nous arrivons dans la plaine des jarres. Sur les sites, se côtoient deux époques.
D’abord, les Jarres travaillées par des obstinés qui les ont creusées environ 2000 ans avant J.-C.,
pour quoi faire, et avec quels outils…
Un grand mystère entoure ces jarres.
Mais quel travail,
En premier plan, une jarre commune dans le pays, elles sont faites avec de vieux pneus…
Et une époque beaucoup plus récente, puisque nous voyons plein de trous occasionnés par les bombes américaines.
Michel en lisère de ce cratère, donne une idée de la surface d’un trou laissé par chaque bombe.
Ici, comme dans toutes les zones limitrophes avec le Vietnam, des millions de bombes à fragmentation ou classiques ont été déversées sur la piste Hô Chi Minh et les villageois sans distinction.
Beaucoup n’ont pas explosé et sont de véritables dangers, encore aujourd’hui pour les populations. Ils sont appelés les UXO.
Même devant cette grotte qui servait d’abris aux troupes alliées des Vietnamien du Nord.
Ce reste de tranchée confirme que des combats au sol ont également eu lieu.
Nous faisons un bref tour du petit musée de ce site, car le principal est à la petite ville plus loin à Phonsavan.
Pas de chance, il est fermé, nous poussons jusqu’ à l’ancienne « capitale de la région, Muan Khoum. Cette petite ville a été complètement détruite par différentes guerres et évidemment bien terminée par les Américains.
Sur les brochures données sur le site des jarres, à Muang Khoun, il est fait état d’une ruine de la dernière maison bourgeoise française bombardée, mais encore visible.
Bon, ok, mais franchement, il ne faut pas venir exprès.
En haut de la ville, de très vieux stupa reste à peu près debout.
Nous décidons d’aller passer la nuit sur place. La gardienne et sa copine sont super contentes de nous accueillir. Alors, on s’installe. Mais, finalement, le chef lui demande de nous faire sortir, car ce n’est pas autorisé.
Après beaucoup de palabres, nous devons partir.
Il fait nuit et il est hors de question d’aller dans la campagne pour dormir. Alors, un bref tour du village, nous amène dans la cour d’un vétérinaire, sans rien demander à personne de peur d’avoir un refus, nous faisons ce choix. Une dame en face, sans nous regarder, fait rentrer sa petite fille. Là, on est vraiment dans l’ambiance de gens qui ont souffert et vivent maintenant en pays communiste où parler à un étranger est suspect. (Nous avons constaté cela que dans cette plaine des jarres.)
Après une bonne nuit, ça frappe à la porte…
Nous sommes encore au lit, Michel enfile vite un short et ouvre la porte.
Un militaire, ou policier, accompagné d’un « milicien du peuple » armé d’un fusil en bandoulière attendaient impatiemment. (pas de photo)
Ils nous demandent, sans possibilité de discuter de partir de ce terrain. Certainement, que nous avons été dénoncés, mais, après avoir montré leur autorité, ils ont fini par sourire de voir des gens comme nous décider seul de s’installer pour la nuit sur ce terrain. Il est vrai que cette région est toujours très contrôlée et sensible, toujours à cause de ce passé récent avec des Hmongs.
Nous utilisons les 10 minutes négociées pour nous préparer et retournons au site où nous avions été virés hier.
Quand on leur explique où on a dormi, le chef n’en revient pas, pour lui, c’est interdit… et là, c’est la revanche des deux femmes qui lui disent « tu vois qu’on aurait pu les garder hier soir.
Du coup, elles visitent Pépère, mais pas lui, le vilain qui nous avait refusé l’hospitalité.
Après la visite de ces très vieux stupa en très mauvais état,
nous allons voir la vraie curiosité de Muang Khoun, un temple bombardé dont seul le bouddha n’a pas été détruit. C’est devenu un lieu sacré.
À l’entrée, il faut réveiller la femme qui vend les tickets. Tout se fait depuis son lit.
Un peu de recueillement devant ce miraculé
Michel aurait bien aimé aller voir la base aérienne secrète de le CIA de Long Cheng, mais ça nous fait encore 150 km de route détruites et non sécurisée, alors pour éviter ça à Doreen, nous repartons affronter les routes en direction du Mékong.
La route est finalement bien meilleure que prévu, à tel point que nous décidons de remonter vers la Capitale Vientiane. Malgré tout, nous avons besoin d’une nuit en route, c’est donc en fin de matinée que nous arrivons au centre « COP »
Ce centre est destiné depuis des années à trouver des systèmes de prothèses adaptés aux quantités incroyables de mutilations dues à ces petites bombes (sous-munitions) non explosées pendant la guerre. Voila la carte des bombardement.
A l’entrée, une bombe ouverte et ses sous-munitions sont exposées en 3 D. Pour que l’on comprenne bien les dégâts qu’elles pouvaient occasionner au largage, environ 20 000 m² d’explosion par bombe et les non explosées seront un risque pour les générations futures.
Alors, il faut bien toutes ces prothèses pour permettent aux nombreux mutilés de vivre et se déplacer.
Des films et des photos témoignent.
Même Obama est venu ici pour reconnaître la responsabilité des Américains dans cette tragédie et faire un mea-culpa bien venu.
Peut-être pour conjurer tous ces malheurs, les Laotiens se servent de ces bombes pour toute sorte de choses, récupération de l’aluminium des containers à sous-munitions pour faire des cuillères pour touristes.
Utilisation des mêmes containers pour faire une barque
Des bombes pour des enseignes
Ou carrément pour faire un mur de musée.
Ou des statues
De toute façon, ils en ont tellement reçu qu’ils ont de la matière pour encore longtemps.
Et pour finir nous allons au musée national de la capitale terminer l’histoire du genre très socialiste soviétique
Nous nous mettons le temps d’une photo dans la peau des dirigeants communistes…
Toute l’histoire est racontée en photos sur des murs. Ça commence avec la défaite française à Dien
Bien Phu.
En résumé, cette guerre qu’on appelait « du Vietnam » était également celle du Laos et du Cambodge. La plaine des Jarres témoignera encore longtemps des souffrances endurées par ces peuples.
Avant de descendre dans le Sud, nous ferons demain une petite visite des points touristiques de la capitale..