Avant toute chose, il est bon de préciser que ce pays très fermé est ouvert aux voyageurs depuis 2019, si l’on enlève le Covid pour 2020, il n’est possible de le visiter que depuis 2021
C’est donc un peu en pionniers que nous arrivons.
Nous entrons par la frontière proche d’Aqaba et nous ne savons pas trop comment vont se passer les formalités.
Et finalement, les douaniers non plus. Pour éviter les problèmes, Doreen a mis un foulard
Comme c’est un peu long, Michel descend de son siège et va avec ses papiers vers un douanier qui vient à notre rencontre.
« Vous êtes musulman ? »
« Non ! »
Il regarde Doreen restée dans la voiture
« Mais votre femme oui ? »
« Non, elle a juste mis ce foulard par respect pour vous »
« Merci mais ce n’est pas nécessaire… »
Bon, ok, on se détend… tout va bien et le reste des papiers se fait dans un ordre bizarre mais tout est en règle maintenant, Ils nous offrent des boissons et nous pouvons partir.
Nous allons à quelques kilomètres pour notre première nuit. Vite nous comprenons qu’ici c’est pareil, l’armée nous demande de les suivre plus loin car il est interdit de dormir au bord de la mer.
C’est maintenant une habitude donc, pas de soucis.
Au matin nous faisons la connaissance de notre premier saoudien civil. Nous l’accueillons comme il se doit
et le faisons monter dans Pépère pour la visite
Mais finalement, il est un peu trop entreprenant avec Doreen alors, nous lui donnons une mauvaise excuse pour refuser son invitation et nous partons.
Nous suivons la côte pour une petite plage 200 km plus bas. La mer Rouge est toujours très belle mais Michel encore patraque ne sort pas son masque. Nous passons ici deux journées réparatrices.
Doreen en profite pour faire un peu de lessive.
Avant d’arriver dans le pays, nous avions appris que le gasoil était autour de 0.20 euros le litre.
Finalement c’était un peu moins (0,78 / 4 soit moins de 0.20 €) ça fait bizarre de mettre 100 litres pour 20 € pourboire compris.
Peut-être à cause de ce prix, le pompiste et sa pompe sont assez limite
nous voyons un nombre incroyable de stations désaffectées sur les routes
Rapidement, nous découvrons des paysages assez extraordinaires.
Nous faisons un peu de offroad pour mieux profiter
Ici, c’est attention aux dromadaires
et c’est vrai
Ce panneau n’indique pas attention au serpent.
Attention aux radars aussi. (Pépère ne risque rien avec ses 70 80 km/h)
Encore une nuit saoudienne au cœur de ces décors magnifiques.
Ensuite, pour démarrer comme il faut ce nouveau pays, nous avons besoin de courses. On trouve presque tout un peu moins cher qu’en France.
Nous voulons aussi voir un bureau de tourisme pour avoir des docs et des cartes. Notre GPS fait n’importe quoi et nous voilà dans un centre commercial où il est impossible de différencier les vendeuses des acheteuses.
Mais, sous leur tenue très fermées, nous découvrons des esprits ouverts. La vendeuse que nous choisissons pour nous aider est hyper sympathique.
Elle parle un peu anglais et nous passons plus d’une demi-heure sur son téléphone et le nôtre mais rien d’intéressant n’en ressort.
En sortant, dans ce centre commercial, tous ces yeux féminins qui nous font des sourires à peine voilés sont une agréable surprise.
Tient, qu’est ce qu’il fait là ? Cette remorque vient de L’Ecancière à 10 Kilomètres de chez nous en France.
Le territoire des Nabatéens comprenait une partie de l’Arabie saoudite, alors il n’est pas étonnant que leurs tombeaux à l’épreuve du temps se retrouvent ici à Alula
La visite se fait en bus avec changement à chaque étape. Nous voilà à la première où nous sommes accueillis pas le staff.
Et des voyageurs locaux
les tombes sont éparpillées dans le désert
et à chaque arrêt une guide est là pour nous expliquer ce que l’on voit. Elles sont toutes extrêmement agréables
avec une mention spéciale pour elle.
Finalement, nous n’avons pas besoin d’en voir plus pour établir un peu de complicité, son regard suffit.
Le clou de la visite est cette tombe gigantesque en plein milieu de rien… En la regardant nous avons la mesure du travail fait par les Nabatéens. Les tonnes de pierres qu’il a fallu casser, ne serait-ce que pour faire l’ébauche.
Là, pour notre bivouac, ce sont le temps et les éléments qui ont travaillé.
Alula, c’est aussi la vielle ville, enfin c’est ce qu’on dit, mais, franchement c’est pas terrible.
Heureusement, elle nous donne l’occasion de photos assez déroutantes dans ce pays. Ils se tiennent par la main…situation normale chez nous mais insolite ici.
Le coin repos dans l’oasis où une bande de filles mangent et rigolent sans retenue.
Finalement nous écourtons cette deuxième journée et prenons la route d’une ville à l’Est qu’un saoudien nous a conseillée. Hail
Pas loin d’Alula, nous découvrons un éléphant pétrifié
Maintenant, le décor change, après quelques dunes
et châteaux fermés à la visite, nous roulons dans un désert plat et monotone.
Juste avant la nuit, nous nous arrêtons pas loin d’une caravane de nomade. (moderne).
Voilà le matériel d’un nomade saoudien.Une caravane tout terrain et une citerne d’eau.
Nous ne voyons personne alors, ce sera bien pour la nuit.
Au bout de quelques minutes, 2 voitures rejoignent la caravane. Et des chameaux sortent d’on ne sait où.
Comme toujours, Michel va prendre la température. Ils ont l’air de purs et durs, c’est assez impressionnant.
Alors Michel discute, s’intéresse à tout pendant qu’ils s’affairent à préparer un campement.
Un petit feu est allumé et les tapis sont étalés sur le sable.
Une fois tout installé, le jeune propose un café, le vieux ne dit toujours rien.
Comme il a compris que nous sommes 2, il demande d’aller chercher Doreen.
Alors elle se prépare comme il se doit.
Quand elle arrive, les deux hommes font une prière
Nous apportons des biscuits et, chose étrange le vieux commence à parler et nous demande de partager leur repas.
Comme nous refusons, il fait mine de se fâcher (ou il se fâche vraiment) et nous dit avec des gestes et une tête sévère Vous manger avec nous et c’est tout !!!!
Pendant que le fils prépare à manger dans la caravane, nous restons avec le père et le gardien de chameaux autour d’un tout petit feux dans un froid de plus en plus glacial.
Nous allons chercher des vêtements chauds et pendant que le repas cuit, commence une discussion avec le fils au travers de notre traducteur vocal.
A chaque question que Michel pose, les réponses sont agrémentées de phrases religieuses islamiques en référence au prophète.
Tout d’un coup, le père prend un récipient d’eau et part dans le noir de la nuit.
« Je crois Doreen que le papy a une envie pressante. »
puis les deux autres font de même et chacun revient se sécher les pieds.
Et les voilà partis pour une longue séance de prières
Sans se le montrer, nous convenons avec Doreen un fois rentrés dans Pépère que nous n’étions pas toujours rassurés. Après coup, c’est con, mais nous avions tous les deux prévu un moyen de s’échapper au cas où
Toujours désolés que nous ne soyons pas musulmans, nos « amis » nous emmènent dans la caravane où le repas est déjà servi.
Pour manger avec les mains par terre, Doreen la Zimbabwéenne a beaucoup de dextérité mais Michel c’est la catastrophe. Il en met de partout jusqu’à ce que le vieux prenne pitié de lui montre gentiment la technique.
Tout en mangeant avec leurs mains, ils découpent insidieusement avec leurs doigts les morceaux de maigre pour les mettre de notre côté. Vraiment, ce monde est trop différent du notre
Vers 22h, le papy regarde sa montre, il est temps pour nous de prendre congé.
Au cours de cette soirée, nous sommes passés par tous les états mais quel souvenir nous en garderons ! Nous passons une nuit sereine entourés du troupeau de dromadaires.
C’est aussi pour ces moments-là qu’on voyage.
Le matin, ils sont d’une discrétion peu habituelle, nous allons les remercier pour l’accueil et prenons la route pour les 200 km qui nous séparent de Hail.
C’était bien la peine de faire 800 km aller-retour pour visiter une ville où tout est fermé.
Nous avons droit aux extérieurs de la cité
du château
et de la mosquée.
Très déçus, nous prenons la route pour Médina (ville sainte où a été construite la toute première mosquée et où le « prophète » a vécu).
Sur la route, le raffinement arabe
est exposé dans les ronds-points
Parfois ça manque un peu d’entretien.
Au fait, depuis 2 jours, c’est Ramadan. Personne dans les rues la journée et tous les magasins fermés. Il faut s’organiser.
à part quelques mendiants qui nous courent après en voiture pour demander un petit peu d’argent. Pour toi, ce sera 10 rials.
Médina ? Il est parfois dit que les non musulmans ne sont pas les bienvenus.
Nous y arrivons en fin d’après-midi et décidons d’aller voir la grande (gigantesque) mosquée de l’extérieur qui pour rappel est la toute première.
C’est un flux incessant de fidèles
Aux abords, nous demandons à un policier si nous pouvons visiter, il nous dit de nous garer et de faire le tour sans entrer à l’intérieur.
Nous avons le sentiment qu’au milieu de tous ces gens nous ferions tache alors, nous décidons de sortir de la ville pour la nuit.
A proximité de la mosquée, avec en plus cette période de ramadan, beaucoup de rues sont fermées alors, nous nous perdons dans de petites rues souvent sans issues.
Dans l’une d’elles Michel fait un demi-tour entre les voitures et emboutit une d’entre elle en reculant.
Merde, pas ça, pas à Médina… Sur la carrosserie, il est impossible de trouver l’impact de Pépère tant il y a de cabosses.
Alors qu’il essaye de se garer pour voir la situation, un jeune en voiture cabossée s’arrête et nous soupçonne de vouloir fuir après notre forfait
Michel descend le voir et toujours dans sa voiture je jeune (type banlieue) lui demande :
– musulman ?
-Non, excuse-moi mais non.
– Alors qu’est-ce que tu fais là ?
-Je viens visiter ta ville.
– tu n’as rien à faire à Médina sort de la ville.
Etc Etc… vraiment, nous ne sommes pas les bienvenus. De toute façon, nous ne sentons pas à l’aise ici, alors, vite avant la nuit nous allons dormir dans la nature gardés par des chiens.
Allez, les galères ça suffit, le lendemain, nous redescendons à la mer rouge dans l’espoir de faire un peu de snorklin et de farniente
Bien nous en a pris, nous passons deux jours au bord de cette jolie mer peuplés de poissons sans religions.
Doreen et son nouveau maillot de bain de rigueur.
Michel encore plus camouflé